Maintenir le dialogue et l’information
Ahmed Manessour se définit clairement comme marseillais, habitant de Font Vert et citoyen impliqué. Il revendique son implication quotidienne aux cotés des habitants de la résidence par le biais de la CLCV, l’association des locataires de Font vert et ce, depuis 1997. Il participe aussi à un collectif de jardiniers et travaille, en liaison avec la Maison des Familles, à la création de jardins partagés pour les habitants de la Résidence, sur deux parcelles des environs. Plantations de légumes, de plantes aromatiques, partage des connaissances et des productions, échanges et lien social constituent son credo.
“Font vert est un ensemble important coincé dans un creux entre deux lignes de chemins de fer, la ligne TER et la ligne PLM, et l’avenue Allende. Il y a de sérieuses difficultés d’accès, aussi bien pour les automobilistes que pour les piétons. On est dans un triangle fermé. La passerelle au-dessus d’Allende est dangereuse et la seule sortie est le tunnel vers Picon. Pour l’Aide au Devoirs, les enfants viennent à l’Association des Locataires plutôt qu’à la Maison des Familles. C’est plus sûr que de les laisser aller seuls le long d’une voie rapide. C’est trop dangereux.”
Quand on évoque la L2, Ahmed réagit immédiatement et revient sur l’aspect sécurité. “On a bien compris que la L2 va changer des choses, surtout au niveau du bruit. Même si on sait qu’il va y avoir des nuisances pendant le chantier, surtout au niveau du bruit et de la circulation. Mais la couverture, ne va pas changer grand-chose. Il y a peu d’échanges avec Picon ou la Busserine et nos minots, quand ils grandissent, vont aux collèges Henri Wallon ou Marie Laurencin et pas à Edouard Manet. Font vert est enclavé depuis toujours et les principales circulations se font vers la Benausse et le centre commercial. C’est-à-dire le long de la L2, mais pas sur la L2. Nous, ce qu’on attend, ce sont des cheminements agréables et sûrs.”
Quand on lui demande quelles sont les autres attentes du quartier par rapport au chantier de la L2, Ahmed n’hésite pas une seconde.
-“L’emploi, bien sûr ! Il y a tellement de chômage ici. Et il y a des réunions organisées pour ça. Entre les projets de l’ANRU et celui de la rocade L2, on espère tous que ça donnera du travail aux gens d’ici.
Et puis il faut de la concertation. Parfois, on a l’impression que le bébé est fait et qu’on ne peut plus rien faire. La communication, c’est important. Ce qu’on veut, nous, c’est comprendre, c’est être au courant. Alors, si on maintient le dialogue entre nous et ceux qui décident, c’est mieux. Il faut comprendre les aspects techniques pour pouvoir les expliquer aux habitants.
On peut aller plus loin, encore plus loin. On a travaillé avec des gens remarquables, comme Christian Petit, Jacques Marty, Odette Taragonnet, qui avaient des échanges de qualité avec les responsables du projet. Et aujourd’hui que ça redémarre, on veut de la clarté et être tenus informés. “Si c’est possible, c’est possible. Si ce n’est pas possible, pourquoi ce n’est pas possible”. C’est tout. On vit dans ces quartiers et nous sommes capables de comprendre.
Et puis, il faut maintenir l’information. Il faudrait faire des réunions avec des panneaux, des explications. Le pire, c’est quand on ne sait pas. Alors, les gens imaginent tout et n’importe quoi.
Depuis des années, avec la Logirem, on a fait un travail sérieux. On a maintenu un dialogue studieux constant et on a avancé ensemble. Il n’y pas de raisons qu’on n’y arrive pas avec la L2. Font vert a une longue histoire. Près de 60 ans. Et nous, ce pourquoi nous nous battons, c’est tout simple : c’est vivre mieux dans un ensemble plus agréable, plus convivial. Cela fait 20 ans que je m’implique pour ça. Eloigner la pauvreté, permettre à ceux qui veulent s’en sortir de s’en sortir vraiment.
Le projet est bouclé, est écrit. Mais je pense qu’on peut toujours faire avancer les choses”.
Enfin, quand on lui demande s’il va continuer comme avant, Ahmed éclate de rire.
– “Même ma femme me dit de lever le pied et me reproche d’être toujours avec les gens de la cité. Mais je n’y peux rien, c’est dans ma nature. Alors, oui, je vais continuer à agir pour mon prochain et mes convictions, plus que jamais”.
mercredi 15 janvier 2014
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